Des larmes de sang ont irrigué la terre de Bernard aux richesses innombrables. Des cris de souffrance et de révolte se sont élevés, mêlés à l'écho des tirs qui déchiraient la nuit. Des vies ont été brisées, des rêves anéantis dans un tourment sans nom. La guerre, avec sa brutalité, a frappé une nation entière et laissé derrière elle un sillage de dévastation. Pourtant, au milieu de cet enfer, un espoir a émergé. Un espoir incarné par ceux qui ont choisi de lutter, de résister et de survivre. Ce sont les héros de cette histoire, ceux qui ont réussi à se relever, malgré leurs blessures physiques et psychologiques. Leur résilience est un témoignage de la force de l'esprit humain et de sa capacité à surmonter les épreuves les plus douloureuses. Ce roman est le récit de leur parcours. Il porte en lui leurs souffrances, leurs victoires et leurs moments de grâce. Il invite le lecteur à plonger dans l'univers tourmenté de ces personnages et à les accompagner dans leur quête de paix e
Je distinguais, au loin, ce camp, un lieu qui ne suscitait ni vie ni bonheur, ni la moindre forme de joie à mon égard. À notre arrivée, les militaires s'empressaient de marquer nos corps d'une empreinte indélébile, portant l'infamante mention : « Détenu ».
Dans une chambre close, plongée dans l’obscurité tant de l’extérieur que de l’intérieur, l’oxygène se présentait tel un invité indésirable. C’est là que j’ai été conduit. Une fois à l’intérieur, je découvris mon oncle, le corps pâle, la vie à son déclin, l’âme presque suspendue. Son corps témoignait de la lutte incessante contre la mort, victime de son propre être. Son élégance d'antan, la masse qu'il avait jadis, sa beauté et son aura semblaient lui murmurer un dernier adieu.
- Y a-t-il une sortie ? demandai-je à mon oncle.
- La sortie ? C’est la mort , répondit l'ami de mon oncle.
- Et pour lui, c’est la mort qui l’appelle, la sortie qui s’annonce. C’est le repos qui se manifeste après un long voyage ; la mort lui réclame son dû.
Je pleurais, je sanglotais, perdu dans mes pensées. Je pensais à ma mère, à Isaac, et à ma pauvre fiancée que je pleurais avec amertume. Les conseils de ma tante résonnaient en moi, et j’imaginais le mari de ma tante, agonisant dans sa prison, attendant sans doute de mourir dans mes bras.
Il me serrait dans ses bras, me pressant contre son corps presque inerte, comme si c'était notre dernière rencontre. Dans ses mains tremblantes, il tenait une vieille photo de lui et de ma mère, capturée il y a environ un mois. Elle souriait, rayonnante, ma tendre mère. Elle était l'incarnation même d'Aphrodite, un symbole de beauté et d'amour. Elle portait en elle une essence que la musique ne pouvait capturer. Je la regardais avec une attention soutenue, comme si elle se tenait devant moi, tangible et vivante. Au verso, un message était gravé, pas comme celui de l'ange à Marie, mais un message chargé de sens : un aveu, un adieu, un testament de larmes. C'était un écrin de tristesse, où se déployaient ses dernières paroles.
Elle avait écrit : Mon fils !
Tu es le produit d’une violence sexuelle, le résultat d’un amour éteint. Dommage que je ne t’aie pas exprimé cela plus tôt, dans ta jeunesse. Dois-je vraiment dire que c’est un gâchis ? En vérité, tu es ce fils qui a bouleversé ma vie, ce fils qui a dérangé mes rêves, marquant ma jeunesse d'une manière indélébile.
C’étaient ses mots. Elle avait tant enduré, ce fardeau dans son ventre, ce cadeau empoisonné que je représentais, le fils d’un violeur. Neuf mois passés à porter ce poids, ses larmes avaient marqué sa jeunesse de souffrance et de regrets.
J’ai haï ma vie, j’ai haï mon existence, j’ai détesté ma mère et ma terre. J’en voulais aussi à ces soldats. Je cherchais désespérément un moyen d’en finir, mais je ne trouvais rien qui me procurait du bonheur. Je nourrissais une rancœur envers mon oncle, car j’aurais souhaité que tout cela reste un lointain souvenir, quelque chose d’inouïe.
Si chaque naissance ou chaque enfant devait voir le jour avec une étiquette, nous, nous serions arrivés avec la mention : "enfant indésirable". J’étais cet enfant que ma mère portait à contrecoeur, un fardeau qui avait bouleversé sa jeunesse et altéré ses rêves.