Humanité surhumaine
La vie est une pute !

Je pleure avec des lettres,
Pour ne pas couler des larmes.
Ils ont éteint tes rêves,
Pour le prix d’un PC et d’un portable.
Quel vers faudrait-il écrire ?
Quel texte faudrait-il slamer ?
Quelle punchline dois-je sortir ?
Quelle histoire dois-je raconter ?
J’ai le cœur lourd,
Alors qu’il est entièrement vide.
Je pensais être devenu sourd,
Quand je n’entendais plus
Les battements de ton cœur.
Deux jeunes gens qui voulaient slamer,
C’est tout ce qu’on était.
2022, nos répétitions interminables,
Alors qu’on n’avait même pas de prestations.
Je te rends hommage avec notre art,
Jamais je n’aurais cru slamer ta disparition.
La pertinence de Youssoupha Mabika,
Le seul point sur lequel on était d’accord.
SIMPLICE, Una yuwa mina kupendaka,
J’aurais voulu te le dire quand tu respirais encore.
Quand on est jeune, on ne meurt pas, on perd la vie.
Aujourd’hui, cette punchline de Youssoupha s’applique à toi.
L’espérance de vie
N’a pas suffi à te garder en vie.
Et comme si c’était écrit,
C’est sur cette prod que je te rends hommage.
Ta défense qui t’attend,
Mon prochain spectacle,
Tu m’as dit : « COUSIN, attends,
Que je décoche mon bac. »
J’aurais beaucoup de temps libre
Pour bosser sur ta carrière.
Tu étais aussi slameur,
Mais tu donnais plus à la carrière des autres.
Ton humanité était surhumaine.
Je pleure avec des lettres,
Pour ne pas couler des larmes.
Ils ont éteint tes rêves,
Pour le prix d’un PC et d’un portable.
Dans cette communauté artistique cupide,
T’étais le seul prêt à rendre service.
T’avais la main sur le cœur
Pour servir tous les artistes.
Dis-moi, Brother, qui va filmer mon concert
Au Zénith de Paris ?
Tu as défié l’orthographe.
Oui, LENFANT NOIR s’écrit sans apostrophe.
Le temps, c’est de l’argent,
Toi, tu n’as plus aucun sou dans tes poches.
La vie est une prison dont la mort est la seule porte de sortie.
T’es parti un 17 mai,
Comme ce pays,
Tu t’es libéré du fardeau de cette vie.
Ton sens de la ponctualité…
Qu’est-ce qu’il me faisait chier,
Quand je n’arrivais pas à temps
Et que t’étais parti deux minutes après.
Jenny a rêvé de toi en larmes.
Ton sourire, qui ne disparaissait jamais,
Pour une fois
S’était complètement estompé.
Preuve que tu es parti avec une douleur dans le cœur
Et avec trois balles dans le corps.
Comme moi, tu étais un passionné.
Certains pensent que tu ne slameras plus jamais.
Laisse-moi leur dire qu’ils ont tort.
Je sais que tu vas leur montrer
Ce que c’est que le slam-poésie,
Même dans le séjour des morts.
Je pleure avec des lettres,
Pour ne pas couler des larmes.
Ils ont éteint tes rêves,
Pour le prix d’un PC et d’un portable.
Quand je pense à toutes ces choses que tu ne feras plus jamais :
Tu ne donneras jamais de dot.
Quand j’irai doter,
Sache que
Je le ferai pour deux.
Chaque fois que je slamerai,
Je le ferai pour deux.
Et quand de l’enfant d’autrui
Je tomberai amoureux,
Je le ferai pour nous deux.
J’avais honte de te le dire en face.
Aujourd’hui, c’est devant tout un public que je suis prêt
À crier à quel point je t’aime,
Et que toujours je t’aimerai.
La vie est une pute, en hommage à ton dernier texte, mon frère.
Elle t’a complètement baisé
Et te l’a faite à l’envers.
Oui, mon ami, je slame pour toi et je pleure.
Je vais anesthésier mon cœur
Pour faire disparaître cette douleur.
Pour ne pas trop trop souffrir,
Je vais me rappeler ton vécu
Comme si tu vivais encore à mes côtés.
Dans mon cœur,
Je vais tatouer ta poésie.
T’avais des rêves plein la tête.
Ces militaires ont pointé une arme sur toi.
Et l’État a appuyé sur la gâchette.
Ils ont tué LENFANT NOIR.
Plus rien ne nous fait peur.
Slam Kaya
Powered by Froala Editor