J'aurais bien aimé que ce soit un rêve

J'aurais bien aimé que ce soit un rêve, 

Que tu sois parti quelque part, en résidence,  

Et que tu reviennes un jour avec un grand spectacle.  

J'aurais aimé que tu sois parti au bâtiment du 30 juin,  

Là où se rendaient le reste de la bande ce soir-là,  

Et revenir plus tard, après le passage de ces malfrats.  

J'aurais aimé qu'un pickpocket ait volé ton sac,  

Dans lequel on a trouvé ta carte d'étudiant.  

J'aurais aimé que tu ne sois peut-être pas sorti,  

Ce jour-là, de la maison.

C'est arrivé, 22 ans de vie,  

Plein de rêves, de projets, d'ambitions,  

Éteints en 30 secondes,  

Deux coups de feu tirés,  

Avec le moindre effort d'un doigt.

Nous sommes couramment en danger,  

Mais quand nous avons marché pour réclamer justice,  

Nous avons compris que réclamer de ne plus être en danger  

Est plus dangereux qu'être en danger. 

On n'a pas reculé devant des armes braquées sur nous.  

Non, tu n'es pas mort,  

Ton énergie a juste éclaté en chacun d'entre nous.

Tu as vécu pleinement.  

Nous gardons en mémoire les souvenirs heureux  

De quelqu'un qui ne savait se fâcher,  

De quelqu'un qui donnait un sens à notre monde.  

À en croire le Christ,  

Toi, tu as été réellement notre maître, 

Ta sagesse, ton humilité et ta serviabilité  

Étaient sans pareilles.  

Hélas, cela n'a pas suffi à te garder en vie.

Je prie pour que les ancêtres te reçoivent,  

Là où tu es, surtout que tu les as aimés,  

Et chéri de tout cœur durant ta vie.  

Tu crois en la réincarnation ?  

Alors, seras-tu l'un de nos premiers fils,  

Ou le prochain gamin qui voudra se dévouer à l'art comme toi ?  

Peu importe, mon cher, reviens-nous, et surtout, hâte-toi.

J'ai reçu la photo de ton agression,  

Je t'ai appelé en pleurant,  

Tu étais connecté, tu n'as pas répondu,  

Enfin, le voleur qui t'a pris ton téléphone  

Ne l'avait pas encore éteint.  

En une semaine, j'ai pleuré une tante 

Et j'ai perdu l’un de mes frères, d'une autre mère.

Ce texte n'est pas barbare,  

Il n'a rien de logique,  

Il n'a pas de fond,  

Ce sont des pleurs d'un cœur sec de larmes,  

Qui n'a plus que des mots.  

Quoi qu'il arrive,  

Tu resteras mon ami, le sorcier !  

Tu manqueras à ta diablesse, au manager,  

À la princesse, au kamite,  

Et surtout à la sorcière qui était en cours de procédure.

Nous ferons tout pour que les coupables paient,  

Si ce n'est par les cours et tribunaux,  

Par les esprits et par la vengeance.  

Si jamais ils s'en sortent,  

Ce ne sera qu'après que nous ayons épuisé  

Tous nos moyens de pression.

Repose en gloire,  

Passe le salaam à Chryso, à Mali,  

Et à tous ces poètes qui te prendront dans leurs bras  

Pour t'accueillir.  

Que Dieu bénisse le Seigneur,  

Et que le Seigneur bénisse Dieu.  

J'hallucine, mais noonnnnn !

Jenovic Mwanza

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