Une voix venue d'ailleurs
Certaines voix ne chantent pas , elles réveillent. Elles viennent d’ailleurs, mais touchent l’endroit exact où ton âme s’était assoupie.

For Alan
Alan…
Un prénom comme un vent doux,
posé sur l’arête fine
entre l’ombre du silence
et la lumière d’un cri.
Elle a chanté,
et le temps s’est mis à genoux.
Un écho suspendu,
comme si le ciel lui-même
retenait son souffle
pour mieux l’écouter.
J’ai vu dans ses notes
les drapeaux de prière danser,
les yaks marcher sans bruit,
et des montagnes pleines de silence
me souffler :
« Respire… elle parle de ta vie. »
Sa voix n’était pas humaine,
ou plutôt,
elle l’était tellement
qu’elle en devenait divine.
Une offrande, celle qu’on ne demande pas,
Celle qui se déposent
au bord du cœur,
et s’y logent telle une larme discrète.
Je ne sais pas ce qu’elle a dit,
mais je comprends.
Car c'est mon âme qu’a appelée,
Cette voix, venue du haut du Tibet.
Je n'étais pas dans la salle,
ni assis sur un siège,
ni baigné de lumière tamisée.
J’étais dans ma chambre,
curieux, perdu dans le labyrinthe
des musiques chinoises…
et c’est là qu'elle m’a trouvé.
Sa voix m’a ouvert un lieu que je ne connaissais pas,
Un nom que je connaissais pas,
Une voix que j’attendais pour la première fois.
Une première fois qui a traversé l’écran
comme une flèche douce,
qui ne perce pas la chair,
mais l’âme.
Elle a chanté,
et sans prévenir,
je me suis tu.
Plus un mot, plus un geste,
juste un battement
à l’intérieur, le mien de cœur
Ou peut-être le sien,
prêté pour un instant.
Sa voix avait ce quelque chose
de lointain et d’éternel,
comme une prière
que le vent n’ose pas déchirer.
Une mélodie
qui portait le poids du monde
avec la grâce d’une plume.
Et dans ses notes, j'ai vu :
les hauteurs glacées,
les pas d’un peuple en marche lente,
les regards tournés vers le ciel
comme vers un miroir.
Moi,
ailleurs,
différent,
mais touché par la citoyenne de l’infini,
Comme si le Plateau du Tibet
avait glissé un morceau de silence
dans mes veines.
Je ne comprenais pas les mots,
mais je les sentais.
Ils parlaient d’origine,
de mémoire,
de ce qu’on porte
même quand on l’ignore.
Elle ne m’a pas raconté une histoire,
elle m’a rappelé une vérité.
Depuis,
le son d’Alan reste dans mes silences,
dans mes respirations longues,
dans mes attentes calmes.
Et je me suis alors dit :
le monde a de merveilles que j'ignore ;
Puis j'ai rembobiné encore.
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